Le sujet de l’écriture inclusive amène une multitude d’avis de gens plus ou moins qualifiés. Chez Mise au Point, on a essayé de vous faire un panel des experts plutôt favorables à l’écriture inclusive et de ceux qui en sont plus sceptiques.
Du côté des « pro »
Eliane Viennot est historienne de la littérature, critique littéraire et enseignante à l’université. Elle est célèbre pour ses travaux sur la masculinisation de la langue, qu’elle juge être le fruit d’un processus délibéré et sexiste de la part d’hommes de pouvoir. Elle est engagée depuis des années dans le militantisme féministe et pour l’écriture inclusive.
Laélia Véron, remarquée pour son activité sur les réseaux sociaux, est linguiste, maîtresse de conférences et enseignante-chercheuse. Elle défend régulièrement l’écriture inclusive, dans les ouvrages qu’elle a pu signer comme Le français est à nous ou dans le podcast Parler comme jamais pour Binge Audio.
Julie Abbou, linguiste et militante féministe, est focalisée sur la langue comme lieu de lutte féministe. Elle défend l’écriture inclusive et a notamment pu développer ses positions dans le podcast de Laélia Véron en compagnie du psycholinguiste Pascal Gygax.
Alpheratz, qui planche sur un doctorat à la Sorbonne, se définit comme « an romanciær et an linguiste non binaire ». Sur son site, on peut retrouver un aperçu de ses travaux universitaires et littéraires, ainsi que des exposés de sa grammaire neutre pour un français inclusif.
Raphaël Haddad est docteur en Sciences de l’Information et de la Communication. Il s’est fait remarquer dans le combat pour l’écriture inclusive en fondant l’agence Mots-Clés, dédiée à répandre l’écriture inclusive dans les entreprises. Il a même déposé un temps l’expression « écriture inclusive » à l’INPI ! En 2023, il a dirigé la publication de l’ouvrage L’écriture inclusive, et si on s’y mettait ? auquel ont participé Eliane Viennot, Pascal Gygax ou encore le politologue Clément Viktorovitch.
Côté influenceurs et artistes, on note aussi les militantes et actrices Typhaine D et Noémie de Lattre, qui promeuvent l’écriture inclusive, la première ayant même mis au point la féminine universelle qui consiste à féminiser le maximum de mots dans la langue.
Du côté des « anti »
Jean Slamowicz est linguiste et traducteur. Préoccupé par le sujet de l’écriture inclusive, il a publié en 2018 Le sexe et la langue et a collaboré à l’ouvrage Malaise dans la langue française dirigé par Sami Biasoni. Il interroge, dans Le Sexe et la Langue : « Faut-il rappeler que les signes de la langue ne sont pas des humains ? Et que le sort des humains ne dépend pas des signes qui les désignent parfois ? »
Yana Grinshpun, qui a collaboré avec Jean Slamowicz pour plusieurs articles scientifiques, est elle aussi en pointe contre le mouvement de l’écriture inclusive. Elle est assez sévère avec les thèses d’Eliane Viennot, dont elle considère qu’elle a une production manquant de rigueur, et plus militante qu’universitaire. Comme Jean Slamowicz, elle a collaboré à Malaise dans la langue française. On peut retrouver une bibliographie de leurs productions à la fin de cet article.
Sophie Piron enseigne la linguistique à l’Université de Montréal. Elle a, à l’instar de Yana Grinshpun, un discours assez critique des positions inclusivistes et des travaux d’Eliane Viennot, dont elle considère que le propos « s’inscrit dans une vision du monde manichéenne, opposant hommes dominants et femmes dominées ».
Alain Bentolila est un des premiers linguistes français à s’être élevés contre l’écriture inclusive quand le sujet a percé dans le débat public en 2017. Linguiste spécialiste de l’apprentissage de la lecture chez les enfants et de l’illettrisme, il rejette l’écriture inclusive en tant qu’elle lui semble être une perte de temps, un égarement par rapport aux réels problèmes de société et de discrimination.
Xavier-Laurent Salvador est spécialiste de langue et littérature médiévales, et particulièrement engagé contre les mouvements wokes à l’université. L’écriture inclusive rentrant dans son champ d’expertise, il s’y montre attentif et assure une veille sur le sujet avec l’Observatoire du décolonialisme qu’il a fondé.
Dans des sphères moins universitaires, le youtubeur et doctorant en littérature Ralph Muller (qui a notamment débattu sur l’inclusif avec Typhaine D), l’humoriste Gaspard Proust ou l’essayiste Pierre Valentin ont exprimé leur opposition à l’écriture inclusive.