Tous inclus, tous représentés, tous mieux aidés par la langue dès lors qu’on y met plus de féminin ? C’est ce que proposerait l’écriture inclusive. En réalité, le focus sur la condition féminine risque de poser des problèmes à plusieurs autres groupes dans leur usage de la langue française.
L’inclusif, une nouvelle langue ?
Nous sommes dans un monde que l’on qualifie volontiers de multipolaire, avec plus de 320 millions de locuteurs francophones dans le monde. Il n’est pas sûr qu’il soit judicieux d’y propager une nouvelle norme qui complexifie évidemment la pratique écrite et parfois orale du français.
Le français est réputé être une langue difficile à apprendre, à la grammaire parfois incongrue pour les étrangers. Que donnerait une modification politique forte de sa morphologie, pour les étrangers en visite ou en résidence qui cherchent à apprendre la langue ? Et pour ceux qui l’apprennent déjà ?
Les étrangers, ce sont aussi les francophones d’un pays par rapport à un autre : comment l’inclusif s’imposerait-il en Afrique, quelles différences aurait-il entre le Québec, le Luxembourg, la France, la Belgique ? On peut se poser la question de difficultés de communication et d’impact sur la cohésion déjà fragile d’un pays francophone à l’autre, et surtout si l’innovation inclusive se fait sur la base de principes politiques qui ne sont pas forcément partagés par tous.
La question du handicap
L’illettrisme touche 2,5 millions de gens en France, les troubles dys (dysorthographie, dysgraphie, dyslexie) toucheraient quant à eux 6 à 8% de la population. On aurait ainsi dans le pays entre 6 et 8 millions de gens francophones mais touchés à divers niveaux par des difficultés d’apprentissage de la langue écrite.
L’introduction,comme norme ou comme alternative courante, de l’écriture inclusive, ne ferait qu’ajouter des difficultés à ces défis éducatifs et sociaux importants. Bien sûr, ces difficultés sont surmontables par l’apprentissage à la longue, mais au vu d’un tel nombre de gens rencontrant ces troubles, on peut considérer qu’il n’est pas prioritaire de faire de l’écriture inclusive quelque chose de courant, surtout dans des documents officiels ou professionnels.
La meilleure forme d’inclusion pourrait donc être dans certains cas d’éviter l’écriture inclusive !